3ème Millénaire


 

N° 85 : Automne 2007 – Amour et Liberté

Aimer, être libre

« La demande d’amour est si désespérée qu’elle annule tout contact subtil véritable, avorte toute possibilité d’échange profond, et tout partage sensible. Seul l’homme qui s’est abandonné à l’amour sans rien exiger en retour peut connaître la saveur subtile de la liberté infinie. Libre malgré les attachements et les erreurs, libre malgré la force du désir qui ne tarit pas, libre avec tout cela, libre de tout cela, et toujours un homme cependant, toujours présent, à jamais dédié aux autres. »

 

N° 75 : premier trimestre 2005 – Le bonheur est-il possible ?

Ce bonheur qui n’existe pas

« Nous savons que pour mille personnes, une seule se déclare heureuse. Et si quelqu’un était réellement heureux, si pour une seule personne le bonheur existait vraiment, et bien tant mieux pour elle, ces lignes ne lui apporteront rien de plus. J’écris sans doute pour toutes les autres : âmes en quête spirituelle, désabusées, qui errent de stages en stages depuis plus de vingt ans, tournant en rond sur une estrade en agitant les mains en l’air, et en faisant encore semblant d’y croire ; matérialistes déchus qui se racontent que le mois prochain, lorsque la dernière Mercedes sera dans le garage, il n’y aura vraiment plus aucun problème ; starlettes manquées, poètes, journalistes, écrivains qui depuis longtemps ont laissé en berne le drapeau de l’idéalisme et se compromettent plus ou moins efficacement avec le système qui les broie, en s’accordant quelques heures d’oubli devant la plus stupide des télévisions – mais avec des chips – vers un destin qui n’aura pas d’issue… Mécréants affichés qui cachent leurs blessures, femmes délaissées et trahies à l’aube de leur vieillesse mais qui se maquillent encore tous les jours pour le cas où, jeunes déjà désabusés qui vont pourtant s’engager joyeusement dans le cortège des sans joie… .»

 

N° 71 : Vide et création – Silence et émergence

L’art sur fond d’absence

« La littérature et l’art expriment l’essentiel par l’absence, le vide, atteint ou reconquis, la transcendance, ce Tao, vacance originelle, le réservoir du génie créatif et l’abîme dans lequel l’homme cherche à retourner. L’art devient alors la désignation de cette expérience et le déclencheur de l’expérience elle-même. En peignant, le peintre donne à voir le principe d’abstraction, et représente ce par quoi il peint, ce qui l’a fait peintre et qui peint par lui. Ce qu’il laisse entrevoir n’est rien d’autre que la reconnaissance, en lui également, de cette source, de ce silence à l’origine de la création..»

 

N° 70 : quatrième trimestre 2003 – Souffrance et Libération

Libre et conscient

« Je suis libre. Le rôle que je tiens est une des manifestations de la volonté du Divin. Je suis Son instrument, à Son service, sans peine. Je ne me cabre pas, j’entre librement dans ma passion, mon état d’homme, de femme, l’incarnation qui m’est donnée, jusqu’au bout, courageusement, parce que Cela n’est pas autre chose que ce que je suis moi-même. Ainsi, je ne me vois pas identifiée, ni au statut, ni au rôle, pas plus à la richesse qu’à la pauvreté, ni à la séparation, ni à l’absence, moi qui sais que je retournerai nu d’où je viens, laissant en arrière toutes les possessions, les attachements, tous liens brisés… Mais si une des formes de la souffrance existe bel et bien et perdure, elle constitue désormais mon accord avec le monde, le garant de mon humanité ressoudée à tout ce qu’elle compte de vraiment humain. Je voudrais dire alors : ne cherche pas dans la poussière l’anneau précieux tombé de ton doigt, abandonne-le plutôt à la surprise d’un autre. Laisse-toi renverser par l’Amour. »

 

N° 67 : premier trimestre 2003 – Prière et Méditation

Prière et méditation – la grande réconciliation

« Puis vient le moment des éclaircies, quand la rage épuisée baisse les armes. Encore davantage de silence alors recueille de moi ce qui reste : un formidable goût de vivre. En s’ouvrant, le ciel de plomb ne décoche aucune flèche de lumière mais rétablit la paix. Puis, sur cet éclair silencieux s’écrivent ces mots : « Ecoute encore. Il ne dépend pas de toi que Dieu se taise ou réponde, entends-tu? Ce n’est pas toi qui viens vers Lui mais Lui qui vient vers toi. Car les écrits et les pensées, les essais et les traités, s’arrêtent où l’expérience véritable commence.»

 

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